Les arbres pleurent aussi
Cohen-Janca (Irène). – Les arbres pleurent aussi. – Rouergue. – 40p. – 14 euros
Amsterdam, 1942. Dans le jardin de la maison 263, Canal de l’Empereur, un marronnier voit une famille entrer dans l’annexe du bâtiment. Sur leur manteau est cousue une étoile jaune. Dès lors il va observer la vie clandestine d’une jeune juive, Anne Frank. Cachée dans un grenier avec les siens, la jeune fille le voit depuis sa lucarne et elle l’évoque à plusieurs reprises dans son journal intime. Aujourd’hui centenaire et sur le point d’être abattu, le vieil arbre malade nous livre sa version de l’histoire. « J’ai donné à une petite fille de treize ans, captive comme un oiseau en cage, un peu d’espoir et de beauté. A elle qui, dans sa cachette, rêvait de sentir sur son visage l’air glacé, la chaleur du soleil et la morsure du vent, j’ai donné par mes métamorphoses le spectacle des saisons (…) En me voyant refleurir, sûrement songeait-elle à l’avenir. A la vie qu’elle construirait, à la place qu’elle se ferait dans le monde. Par la moisson de mes fleurs et de mes feuilles, par la force de mes bourgeons, je lui apportais la confiance ». Symbole de vie, de liberté et d’espoir pour Anne, le marronnier assistera impuissant à un dénouement tragique.
Les illustrations en crayonné gris sur des pages couleur crème confèrent un charme suranné à l’ensemble. Les tons gris, beige et brun sont rehaussés de taches de couleur, jaune rouge et noir évoquant avec une sobre efficacité la noirceur et la cruauté de cette période sombre de l’histoire.
Un album superbe, tant au niveau graphique que littéraire.
Hélène B.